La conquête d'un Graal vénitien : San Todaro !
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La conquête d'un Graal vénitien : San Todaro !
Tapez dans Google "San Teodoro" (ou, comme l'appellent les Vénitiens, "San Todaro") : vous ne trouverez nulle part mention d'une église de Venise†. La colonne qui honore le premier saint patron de la ville, oui, on vous en parlera ; la Scuola qui porte son nom, aussi.
Mais d'église (ou plutôt, en l'occurrence, de chapelle —chiesetta), point.
Eppure, esista ! Elle est même detta Sant’ Uffizio, dite du Saint-Office, en d'autres termes elle fut le siège de l'Inquisition à Venise... La voir n'est donc pas sans intérêt, d'autant plus qu'elle se trouve à côté d'un grand "lapidarium", collection de fragments archéologiques dont certains sont vraiment superbes.
Mais... mais... si ce lieu constitue un "Graal" de l'amoureux de Venise, c'est qu'il n'est pas facile à atteindre !
Où se trouve-t-il ? Je n'en dirai pas davantage, les passionnés le savent déjà et point n'est besoin d'attirer des foules en ces lieux. Et puis, moi, je l'ai bien trouvé tout seul, hein ! Je préciserai seulement que, lorsque l'on dit que les merveilles secrètes de Venise se cachent souvent à quelques pas des autoroutes à touristes, eh bien c'est encore plus vrai dans ce cas que dans tous les autres réunis ! En effet, ici, "à quelques pas" est très exagéré...!
Cela dit, si l'endroit est connu des passionnés, il suffit de s'y rendre ! En quoi est-ce donc "un Graal" ? Eh bien, disons qu'il ne suffit pas de savoir où c'est ; il faut encore pouvoir y accéder. Or, le lieu est d'abord défendu par une porte fermée (mais pas toujours très bien fermée : il faut oser la pousser) ; il est ensuite défendu par une chaîne barrant le passage (il faut oser la franchir) ; et comme tout cela sent évidemment à plein nez la propriété privée (et à juste titre, c'en est une), on peut s'attendre à rencontrer un cerbère... Après y avoir accédé, il faut donc avoir le loisir d'admirer... et de photographier !
Ce jour-là, j'avais décidé de tenter ma chance : je pousse la porte, me glisse dans l'embrasure, referme ; je franchis la chaîne, je tourne le coin du vestibule et là, à quelques mètres, le lieu tant espéré se dévoile peu à peu à mes yeux, au fur et à mesure que j'avance... Superbe... et pas de cerbère en vue !
Vais-je tout simplement oser commencer à photographier ? La rumeur touristique ne vient pas jusqu'ici, il fait grand calme, et dans ce silence, le bruit de l'appareil...
J'ai à peine le temps de m'interroger : surgi de nulle part (comme ils font toujours), le cerbèrefont, pardon, fond sur moi ! Un cerbère fort aimable d'ailleurs, bientôt rejoint par un deuxième, lui aussi très affable... mais les deux sont néanmoins inflexibles. Propriété privée. Interdit. Il faut partir. Impossible de faire des photos... Je décèle chez l'un d'entre eux un instant d'hésitation que j'essaie d'exploiter : interdit, vraiment ? Oui, oui, interdit... c'est-à-dire, sauf bien sûr avec l'autorisation du directeur ingénieur en chef grand sachem mamamouchi de l'uffizio tecnico !
Mon espoir retombe : encore une histoire administrative à l'italienne (ne vaut pas mieux que la nôtre), des lettres à écrire (en italien, bien sûr), des justifications à apporter, des semaines ou des mois à attendre, le tout pour une réponse qui sera très probablement négative...
Cependant, je fais mine d'être intéressé, histoire de me laisser de temps d'inventer quelque chose sans avoir à tourner immédiatement les talons... "C'est vraiment impossible sans l'autorisation de l'ingénieur ?" "Oh, absolument impossible ! Je ne peux rien faire pour vous." Il jette une coup d'œil vers son collègue. "Sauf, bien sûr, vous emmenr le voir."
Aaaaaaah boooon ? Il est ici, le grand ingénieur ? Oui. Et on peut lui parler ? Oui. Et il serait, comme qui dirait, susceptible de délivrer l'autorisation comme ça, sur-le-champ, tambour battant ? Ah, ça, personne ne peut le dire, n'est-ce pas ? Mais il est permis d'essayer. Vous voulez y aller ?
Et comment que je veux ! Nous voilà donc partis, on monte dans les étages, à chaque palier la vue sur les absides de San Marco devient de plus en plus grandiose... puis on débouche dans un bureau où un monsieur fort sympathique me reçoit en bras de chemise, travaillant sur un ordinateur portable posé sur d'immenses plans de la basilique (j'essaie de retenir mes yeux qui, comme dans les dessins animés, menacent de bondir hors de leurs orbites ). Il ne parle ni français ni anglais, je rassemble mon maigre italien, et en deux coups de cuiller à pot il comprend ma démarche et me donne toutes les autorisations voulues ! Allez-y, photographiez tout votre saoul ! Y compris depuis l'étage, depuis les fenêtres de votre bureau (ah, la vue depuis ces fenêtres !) ? Oui, oui, bien sûr, allez-y. Moi, je vais déjeuner.
Extase ! Seul dans le bureau, je shoote le lapidaire à hauteur d'œil (ah ! quelle barbe, ce soleil juste de face ! ), je photographie tout ce que je vois sans réfléchir, puis je redescends et je refais une trentaine de photos d'ensemble et de détail de la raccoltà lapidaria, la bien nommée. Je crains d'être en train d'exagérer, qu'on me jette finalement dehors... mais je ne partirai tout de même pas sans avoir fait une photo (et même plusieurs) de l'intérieur de la petite chiesetta San Todaro, que je n'avais jamais vu photographiée avant, et que je vous livre ici, sur Serenissima, dans ce que je pense être une grande première !
Les photos ci-dessous ne représentent évidemment qu'une sélection. Si vous êtes à la recherche de quelque chose de particulier, faites-le-moi savoir, j'aurai probablement ce dont vous avez besoin.
† : Pas entièrement vrai. En fait, vous trouverez probablement une mention de la chiesetta, correspondant à l'article posté par Annalivia sur son blog Mes carnets vénitiens. Et pour vous épargner la recherche, vous n'avez qu'à cliquer ici pour accéder au blog d'Annalivia. Comme c'est elle qui m'a demandé de raconter en détail mes aventures graalo-théodoriennes, j'ai fait de mon mieux pour la satisfaire !
Vue générale depuis le fond de la courette. À gauche, en amorce, la façade et le portail de la chiesetta :
Photos prises depuis l'uffizio tecnico :
Vue (relativement) générale du lieu. La partie arrondie est, bien sûr, le fond de l'abside de la basilique, avec les arcs-boutants :
Détails :
Photos prises depuis le "rez-de-chaussée" :
Vous imaginez ce qu'éclaire cette fenêtre ouverte dans un mur épais ? Je dirais bien la cappella di San Pietro...
Vue de côté du lapidario avec, au fond, l'entrée du repaire des cerbères, surmonté par la coupole de St Jean l'Évangéliste :
La noirceur qui sied à Cerbère (le bâtiment à droite sur la photo est le palazzo Patriarcale) :
L'entrée de la chiesetta San Todaro :
Détail de la façade :
Et le saint des saints, l'humble petite nef de St Théodore, siège de la Sainte Inquisition :
Et pour finir, en quittant ce lieu magique, voici le passage qui y conduit...
Mais d'église (ou plutôt, en l'occurrence, de chapelle —chiesetta), point.
Eppure, esista ! Elle est même detta Sant’ Uffizio, dite du Saint-Office, en d'autres termes elle fut le siège de l'Inquisition à Venise... La voir n'est donc pas sans intérêt, d'autant plus qu'elle se trouve à côté d'un grand "lapidarium", collection de fragments archéologiques dont certains sont vraiment superbes.
Mais... mais... si ce lieu constitue un "Graal" de l'amoureux de Venise, c'est qu'il n'est pas facile à atteindre !
Où se trouve-t-il ? Je n'en dirai pas davantage, les passionnés le savent déjà et point n'est besoin d'attirer des foules en ces lieux. Et puis, moi, je l'ai bien trouvé tout seul, hein ! Je préciserai seulement que, lorsque l'on dit que les merveilles secrètes de Venise se cachent souvent à quelques pas des autoroutes à touristes, eh bien c'est encore plus vrai dans ce cas que dans tous les autres réunis ! En effet, ici, "à quelques pas" est très exagéré...!
Cela dit, si l'endroit est connu des passionnés, il suffit de s'y rendre ! En quoi est-ce donc "un Graal" ? Eh bien, disons qu'il ne suffit pas de savoir où c'est ; il faut encore pouvoir y accéder. Or, le lieu est d'abord défendu par une porte fermée (mais pas toujours très bien fermée : il faut oser la pousser) ; il est ensuite défendu par une chaîne barrant le passage (il faut oser la franchir) ; et comme tout cela sent évidemment à plein nez la propriété privée (et à juste titre, c'en est une), on peut s'attendre à rencontrer un cerbère... Après y avoir accédé, il faut donc avoir le loisir d'admirer... et de photographier !
Ce jour-là, j'avais décidé de tenter ma chance : je pousse la porte, me glisse dans l'embrasure, referme ; je franchis la chaîne, je tourne le coin du vestibule et là, à quelques mètres, le lieu tant espéré se dévoile peu à peu à mes yeux, au fur et à mesure que j'avance... Superbe... et pas de cerbère en vue !
Vais-je tout simplement oser commencer à photographier ? La rumeur touristique ne vient pas jusqu'ici, il fait grand calme, et dans ce silence, le bruit de l'appareil...
J'ai à peine le temps de m'interroger : surgi de nulle part (comme ils font toujours), le cerbère
Mon espoir retombe : encore une histoire administrative à l'italienne (ne vaut pas mieux que la nôtre), des lettres à écrire (en italien, bien sûr), des justifications à apporter, des semaines ou des mois à attendre, le tout pour une réponse qui sera très probablement négative...
Cependant, je fais mine d'être intéressé, histoire de me laisser de temps d'inventer quelque chose sans avoir à tourner immédiatement les talons... "C'est vraiment impossible sans l'autorisation de l'ingénieur ?" "Oh, absolument impossible ! Je ne peux rien faire pour vous." Il jette une coup d'œil vers son collègue. "Sauf, bien sûr, vous emmenr le voir."
Aaaaaaah boooon ? Il est ici, le grand ingénieur ? Oui. Et on peut lui parler ? Oui. Et il serait, comme qui dirait, susceptible de délivrer l'autorisation comme ça, sur-le-champ, tambour battant ? Ah, ça, personne ne peut le dire, n'est-ce pas ? Mais il est permis d'essayer. Vous voulez y aller ?
Et comment que je veux ! Nous voilà donc partis, on monte dans les étages, à chaque palier la vue sur les absides de San Marco devient de plus en plus grandiose... puis on débouche dans un bureau où un monsieur fort sympathique me reçoit en bras de chemise, travaillant sur un ordinateur portable posé sur d'immenses plans de la basilique (j'essaie de retenir mes yeux qui, comme dans les dessins animés, menacent de bondir hors de leurs orbites ). Il ne parle ni français ni anglais, je rassemble mon maigre italien, et en deux coups de cuiller à pot il comprend ma démarche et me donne toutes les autorisations voulues ! Allez-y, photographiez tout votre saoul ! Y compris depuis l'étage, depuis les fenêtres de votre bureau (ah, la vue depuis ces fenêtres !) ? Oui, oui, bien sûr, allez-y. Moi, je vais déjeuner.
Extase ! Seul dans le bureau, je shoote le lapidaire à hauteur d'œil (ah ! quelle barbe, ce soleil juste de face ! ), je photographie tout ce que je vois sans réfléchir, puis je redescends et je refais une trentaine de photos d'ensemble et de détail de la raccoltà lapidaria, la bien nommée. Je crains d'être en train d'exagérer, qu'on me jette finalement dehors... mais je ne partirai tout de même pas sans avoir fait une photo (et même plusieurs) de l'intérieur de la petite chiesetta San Todaro, que je n'avais jamais vu photographiée avant, et que je vous livre ici, sur Serenissima, dans ce que je pense être une grande première !
Les photos ci-dessous ne représentent évidemment qu'une sélection. Si vous êtes à la recherche de quelque chose de particulier, faites-le-moi savoir, j'aurai probablement ce dont vous avez besoin.
† : Pas entièrement vrai. En fait, vous trouverez probablement une mention de la chiesetta, correspondant à l'article posté par Annalivia sur son blog Mes carnets vénitiens. Et pour vous épargner la recherche, vous n'avez qu'à cliquer ici pour accéder au blog d'Annalivia. Comme c'est elle qui m'a demandé de raconter en détail mes aventures graalo-théodoriennes, j'ai fait de mon mieux pour la satisfaire !
Vue générale depuis le fond de la courette. À gauche, en amorce, la façade et le portail de la chiesetta :
Photos prises depuis l'uffizio tecnico :
Vue (relativement) générale du lieu. La partie arrondie est, bien sûr, le fond de l'abside de la basilique, avec les arcs-boutants :
Détails :
Photos prises depuis le "rez-de-chaussée" :
Vous imaginez ce qu'éclaire cette fenêtre ouverte dans un mur épais ? Je dirais bien la cappella di San Pietro...
Vue de côté du lapidario avec, au fond, l'entrée du repaire des cerbères, surmonté par la coupole de St Jean l'Évangéliste :
La noirceur qui sied à Cerbère (le bâtiment à droite sur la photo est le palazzo Patriarcale) :
L'entrée de la chiesetta San Todaro :
Détail de la façade :
Et le saint des saints, l'humble petite nef de St Théodore, siège de la Sainte Inquisition :
Et pour finir, en quittant ce lieu magique, voici le passage qui y conduit...
Dominique_R- Admin
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