Le mystère des numeri civici vénitiens...
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Le mystère des numeri civici vénitiens...
Les numeri civici sont tout simplement les numéros des maisons et des divers bâtiments de Venise. Mais si le concept est simple, sa pratique l'est moins. En effet, à Venise, les numéros ne sont pas attribués rue par rue, mais quartier (sestiere) par quartier. Ce qui fait qu'au lieu d'avoir quelques numéros (ou, au pire, quelques dizaines) à gérer dans chaque rue, on en a plusieurs milliers à suivre dans chacun des six sestieri !
D'où cette bizarre pratique provient-elle ?
Voici un résumé de l'histoire : tout commence en 1786, lorsque le ministre autrichien Wilczek chargea le marquis Cusani de faire apposer à chaque croisement de rues de Milan (l'Autriche occupait alors le Milanais) des plaques indiquant le nom des rues, ainsi que des numéros d'ordre sur les maisons. Ainsi naquirent les premiers numeri civici qu'on surnomma teresiani, puisque mis en place sous le règne de Marie-Thérèse d'Autriche. À Milan, ils partaient du palais royal (qui possédait donc le n°1, comme il se doit) et se poursuivaient en spirale dans le sens horaire (un peu comme les arrondissements de Paris) jusqu'au dernier numéro, en l'occurrence le 5314, comme le mentionne le plan officiel de Milan publié en 1787.
Cette numérotation "aurtichienne" fut aussi utilisée à Paris, mais brièvement : de 1791 à 1805 seulement, date à laquelle on en revint à un système plus souple de numérotation par rue.
À Milan, cependant, en 1830, un nouvau plan fut mis en œuvre en raison de développement de la ville : on arriva jusqu'au numéro 5628, et des numéros intermédiaires furent créés en fonction des besoins, à l'aide des lettres de l'alphabet : 560, 560A, 561, etc. Plus curieux (et beaucoup moins logique), des nombres dans les milliers furent parfois utilisés entre deux nimbres adjacent dans les centaines, par exemple 560, 4981, 561, etc.
Cette numérotation autrichienne fut bien entendu appliquée à Venise et si, aujourd'hui, Milan s'en est débarrassée depuis longtemps, la Sérénissime l'a conservée... mais entre la complexité inouïe inhérente au système (comment quelqu'un supposé intelligent a-t-il pu imaginer pareille absurdité ?) et les particularités vénitiennes (anciens canaux comblés devenant des rues nouvelles, nombreuses grandes demeure à numéro unique morcelées ou remplacées par de multiples appartements ou demeures plus petites, chacune dotée de son numéro...), on en est arrivé au "système" (si l'on ose dire) actuel, où personne ne comprend plus grand-chose, à part quelques Vénitiens (pas tout, loin s'en faut !) et quelques facteurs —eux aussi complètement paumés dès lors qu'ils sortent de leur secteur habituel...
Ultime signe tangible de l'occupation autrichienne, la numérotation vénitienne fait aujourd'hui partie du décor, et il n'est pas prévu de la modifier... Et comme, en plus, les Vénitiens mettent des numéros aux fenêtres ou aux anciennes portes murées, le photographe amateur d'humour urbain a de quoi s'en donner à cœur joie... ce que je me propose de faire dans ce fil !
Porte murée (mais dûment dotée de son numero civico), vers le campiello de la Madona :
Pas de porte en vue, mais tant pis ! On met les numéros sur la fenêtre !
D'où cette bizarre pratique provient-elle ?
Voici un résumé de l'histoire : tout commence en 1786, lorsque le ministre autrichien Wilczek chargea le marquis Cusani de faire apposer à chaque croisement de rues de Milan (l'Autriche occupait alors le Milanais) des plaques indiquant le nom des rues, ainsi que des numéros d'ordre sur les maisons. Ainsi naquirent les premiers numeri civici qu'on surnomma teresiani, puisque mis en place sous le règne de Marie-Thérèse d'Autriche. À Milan, ils partaient du palais royal (qui possédait donc le n°1, comme il se doit) et se poursuivaient en spirale dans le sens horaire (un peu comme les arrondissements de Paris) jusqu'au dernier numéro, en l'occurrence le 5314, comme le mentionne le plan officiel de Milan publié en 1787.
Cette numérotation "aurtichienne" fut aussi utilisée à Paris, mais brièvement : de 1791 à 1805 seulement, date à laquelle on en revint à un système plus souple de numérotation par rue.
À Milan, cependant, en 1830, un nouvau plan fut mis en œuvre en raison de développement de la ville : on arriva jusqu'au numéro 5628, et des numéros intermédiaires furent créés en fonction des besoins, à l'aide des lettres de l'alphabet : 560, 560A, 561, etc. Plus curieux (et beaucoup moins logique), des nombres dans les milliers furent parfois utilisés entre deux nimbres adjacent dans les centaines, par exemple 560, 4981, 561, etc.
Cette numérotation autrichienne fut bien entendu appliquée à Venise et si, aujourd'hui, Milan s'en est débarrassée depuis longtemps, la Sérénissime l'a conservée... mais entre la complexité inouïe inhérente au système (comment quelqu'un supposé intelligent a-t-il pu imaginer pareille absurdité ?) et les particularités vénitiennes (anciens canaux comblés devenant des rues nouvelles, nombreuses grandes demeure à numéro unique morcelées ou remplacées par de multiples appartements ou demeures plus petites, chacune dotée de son numéro...), on en est arrivé au "système" (si l'on ose dire) actuel, où personne ne comprend plus grand-chose, à part quelques Vénitiens (pas tout, loin s'en faut !) et quelques facteurs —eux aussi complètement paumés dès lors qu'ils sortent de leur secteur habituel...
Ultime signe tangible de l'occupation autrichienne, la numérotation vénitienne fait aujourd'hui partie du décor, et il n'est pas prévu de la modifier... Et comme, en plus, les Vénitiens mettent des numéros aux fenêtres ou aux anciennes portes murées, le photographe amateur d'humour urbain a de quoi s'en donner à cœur joie... ce que je me propose de faire dans ce fil !
Porte murée (mais dûment dotée de son numero civico), vers le campiello de la Madona :
Pas de porte en vue, mais tant pis ! On met les numéros sur la fenêtre !
Dominique_R- Admin
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