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Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !)

2 participants

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Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !) Empty Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !)

Message par Dominique_R Dim 29 Mar - 1:11

Le vol de l'Ange, comme chacun sait, c'est cette cérémonie traditionnelle très populaire (et aujourd'hui surtout très touristique) qui marque l'ouverture du Carnaval. Jadis, c'est un équilibriste qui, au péril de sa vie (sans parler de celles des spectateurs en contrebas), marchait sur un fil tendu entre le campanile et le palais des Doges. Aujourd'hui, l'exercice a été sécurisé par l'emploi de harnais, de treuils et de freins, mais il demeure spectaculaire :

Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !) Voloangelo


Cette année, c'est Margherita Maccapani Missoni (angélique ? à vous de juger... ci-dessous), héritière de la dynastie de la mode, qui a traversé la piazzetta au bout de son fil... vêtue pour l'occasion, bien entendu, d'une vêtement long spécialement conçu pour l'occasion, dans un tissu de maille plissé et pailleté dans les tons ivoire et or...

Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !) Margheritamaccapanimiss


Bref, tout ça pour dire qu'à l'époque du Carnaval, personne ne s'étonne d'entendre parler du vol de l'Ange. Le vol du Trépied, quant à lui, risque a priori d'éveiller moins d'échos... et pourtant... Wink Very Happy

Bref retour en arrière : pendant le Carnaval, donc, l'un des lieux où masqués et photographes ont l'habitude de se retrouver est... eh bien, la piazzetta, justement, au moment où le Soleil se lève et avant que ne débarquent les hordes de touristes. La lumière, souvent nimbée de brume, est douce, presque tangible et, avec un peu de chance, l'on peut y faire quelques jolies images, un peu énigmatiques :

Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !) Masks20094

Le vol du trépied (pas celui de l'Ange !) Masks20095

Donc, ce matin-là, nous quittons l'hôtel (heureusement tout proche) dans l'aube frisquette de février. Arrivés sur place, on commence à shooter. Au début, masqués et photographes sont peu nombreux, mais rapidement , les effectifs s'étoffent dans les deux camps. J'ai apporté mon trépied, sans bien savoir si j'en aurai besoin, et plutôt par comportement moutonnier qu'autre chose : j'ai vu les autres apporter le leur, donc j'ai fait de même, bien que je sache que mon boîtier me permet de travailler à des sensibilités élevées, donc sans avoir besoin de se poser sur un trépied...

De fait, alors que je vois souvent, autour de moi, des confrères manœuvrant lourdement leur encombrant accessoire, je me débrouille très bien sans. Je pose donc le mien sur le sol, bien ouvert, sans faire particulièrement attention à l'endroit où je le laisse ; je me contente de jeter un regard vers lui de temps à autre. Je remarque que d'autres, d'ailleurs, font comme moi. Tout semble se passer dans une ambiance de confiance réciproque, au sein de ce groupe très cosmopolite où le français, l'italien, l'anglais et quelques langues décidément slaves s'entrecroisent.

Quelques minutes, dix, vingt peut-être, s'écoulent. Il commence maintenant à y avoir beaucoup de touristes. Les occasions de faire de bonnes photos dans le calme, sans arrière-plan disgracieux, se font plus rares. Il va être temps de retourner à l'hôtel (ai-je dit qu'il était tout proche ? Wink ) pour déguster le petit déjeuner.

Je me retourne, balaie le molo du regard... horreur ! Pas de doute : l'endroit où j'avais laissé mon trépied, près de ce réverbère, est désespérément vide : il a disparu ! affraid Shocked What a Face

Moment, non de panique, car hélas ! le fait est indéniablement accompli, mais de rage : un trépied Gitzo en carbone, quasiment neuf, coiffé d'une rotule Markins en magnésium, il y en a pour de l'argent ! Nouveau balayage des environs du regard, mais cette fois à la recherche de l'individu qui, peut-être, est à l'instant même en train de prendre le large avec mon trépied sous le bras... mais un trépied, ça se voit, c'est grand, même replié... et puis, se pourrait-il qu'un photographe soit assez malhonnête pour en dépouiller un autre...? scratch Je sais au fond de moi, hélas ! encore, que cela, dans le monde d'aujourd'hui, n'aurait rien d'impossible, même si j'ai du mal à y croire.

J'hésite entre le fatalisme et l'abattement. Comment a-t-on pu ainsi me détrousser, sans que personne ne remarque rien ? Moi, c'est vrai, je n'avais pas les yeux rivés sur l'objet, mais enfin, il était là, à dix ou vingt mètres tout au plus, et je pouvais à tout moment lever les yeux sur lui ! Pour s'en emparer et partir tranquillement, traverser tout l'espace découvert avant la première ruelle, il fallait un sacré culot !

C'est alors que mon cœur fait un bond : là, à quelques mètres, attendant patiemment : un trépied ! cheers
Le mien ? Presque... mais non ! Shocked Je l'examine : c'est un Gitzo aussi, en carbone aussi (ils ne sont pas nombreux, ceux-là), mais d'une taille légèrement supérieure au mien, plus lourd, et nanti à son sommet d'une rotule toute riquiqui qui donne à l'ensemble un look de microcéphale. Ce n'est pas le mien. Pas le mien, mais il semble tout aussi abandonné par son propriétaire que le mien devait le paraître avant qu'on ne me le fauche...

C'est ma femme qui, comprenant ce qui s'est peut-être passé, me redonne de l'espoir : l'autre photographe, le propriétaire du Gitzo microcéphale, a dû se tromper de trépied, partir avec le mien et laisser le sien sur place ! Ça ne peut être que cela ! Rolling Eyes Wink

L'espoir renaît... pour retomber presque aussi vite : comment, en plein Carnaval, retrouver un photographe dans une ville de la taille de Venise ? Celui que je cherche est-il français, allemand ? Est-il maintenant en train de visiter le palais des Doges, ou d'embarquer sur le vaporetto pour la gare ? L'affreuse image de l'aiguille et de la botte de foin s'impose à mon imagination : d'accord, je n'ai pas été victime d'un vol ; celui qui a emporté mon trépied l'a sans doute fait par erreur... mais quand même !

Et quoi qu'il en soit, que faire ? Première chose, m'assurer que le Gitzo microcéphale que je cramponne maintenant comme une prise de guerre n'est revendiqué par personne. N'osant pas me mettre à crier en public et en plusieurs langues, je me promène de long en large, trépied bien en vue mais porté comme s'il était à moi, m'attendant à chaque instant à entendre un retentissant "Au voleur !" (ou l'équivalent dans une des nombreuses langues pratiquées en ces lieux) éclater derrière moi... mais rien. Peu à peu, je me convainc que ma femme a raison : il y a eu échange.

Bon. Ne reste qu'à retourner à l'hôtel, et là, on avisera. Dans le pire des cas, est-ce que je perds au change ? En fait, oui : le trépied est, je l'ai dit, d'un modèle plus gros, donc il est plus cher, mais aussi plus lourd, ce qui n'est pas agréable, surtout que je n'ai rien à faire des 20 ou 30 kilos que ce modèle peut supporter. Quant à la rotule, j'en ai déjà parlé : c'est poubelle tout de suite, et rachat d'une autre Markins. Vraiment, je préférerais retrouver le mien. Mais comment faire ? Shocked Surprised

En traversant le ponte di Paglia, me parviennent à travers la foule qui zieute le pont de Soupirs les échos d'une conversation entre deux femmes d'un certain âge, à l'inimitable accent américain du Midwest et au phrasé bien nasal et sonore. Cela me rappelle quelque chose : j'ai entendu une ou deux femmes parler avec ce même accent, plus tôt, sur la piazzetta, pendant le shooting. Je les localise du regard ; je ne les reconnais pas, et bien sûr aucune d'elles ne porte mon trépied, même si elles ont chacune un reflex pendu au cou.

Et si c'était...? Il y a une chance infime, mais... confused

Je les aborde, me présente, explique ce que je crois qu'il s'est passé. Sont-elles avec d'autres femmes photographes américaines ? Oui. L'une d'entre elles utilise-t-elle un trépied de ce genre (j'exhibe le microcéphale) ? Oui ! Et où est-elle maintenant ? Probablement retournée à l'hôtel, au fin fond de Cannaregio. J'obtiens la carte de l'hôtel, le nom du leader du groupe. De retour à l'hôtel, le nôtre, je fais téléphoner par le réceptionniste qui se met en quatre pour faire comprendre à son collègue de l'autre hôtel ce qui a dû se passer... Et enfin, enfin, j'ai au bout du fil une nouvelle voix féminine et nasillarde (mais quel plaisir, néanmoins ! Et quel soulagement ! Cool ) qui m'annonce qu'en effet, elle a bien mon trépied, qu'elle est horriblement désolée, qu'elle ne sait pas comment elle a pu confondre, etc., etc.

Je la rassure et je coupe court : retrouvons-nous dans une heure en haut du Rialto pour l'échange, comme jadis on échangeait les espions au milieu d'un pont sur la Vistule Rolling Eyes . Je suis, si j'ose dire, aux anges (et je ne l'ai pas volé) : j'ai retrouvé l'aiguille dans la botte de foin ! tongue Very Happy Laughing Wink


Dernière édition par Dominique_R le Dim 29 Mar - 12:42, édité 1 fois
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Message par Olia-Klod Dim 29 Mar - 12:30

Je vais oser en conclusion :
QUEL PIED ! bounce

En fait, je viens de voir sur la vidéo que nous montons en ce moment, que le dernier matin du Mardi Gras, il y a des pieds partout qui traînent sur la Piazzetta. Pas moins d'une dizaine de pieds dans le champ de la caméra, plus ceux que les photographes utilisent.
On va même l'indiquer au membres du forum : si vous voulez un pied pas cher (une peur et une envie de courir) venez au lever du jour à l'angle du Palais ducal et vous aurez le choix.
C'est même un peu dangereux, il m'est souvent arrivé de me prendre un pied au vol en me relavant après des photos. Quand on travaille concentré c'est ainsi... surout que moi, je travaille en mode pose, avec mon pied, et si possible en évitant les flash des autres lascars. Un jour je vous expliquerai pourquoi le flash est le pire ennemi du photographe des costumé-e-s.

Olia-Klod


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Message par Dominique_R Mar 31 Mar - 12:20

Olia-Klod a écrit:Un jour je vous expliquerai pourquoi le flash est le pire ennemi du photographe des costumé-e-s.
Nous sommes bien d'accord ! J'utilise le flash aussi peu que possible, toujours avec un diffuseur, et toujours en mode déporté (off camera, diraient nos amis anglo-saxons) afin que la lumière ne soit pas dans l'axe de la prise de vues.
Dominique_R
Dominique_R
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