Beauté, décrépitude et modernité

Comme toute ville qui vit, Venise se modernise.

La beauté passée, on vit dedans, elle environne, elle étreint, parfois elle étouffe dans le carcan des réglementations et le garrot des coûts prohibitifs liés à la restauration, voire au simple entretien, de bâtiments conçus en d'autres temps, sur des fondations (sans jeu de mots) par nature fragiles.

La décrépitude, elle est omniprésente, inévitable conséquence de ce qui précède : l'argent manque, aussi bien aux pouvoirs publics qu'aux particuliers, pour faire face à la tâche, tant celle-ci est immense.

Et la modernité, elle s'insinue, comme ces climatiseurs qui fleurissent comme jadis poussèrent en touffes vivaces les antennes de télévision, puis les paraboles satellite, à tout prendre moins choquantes.

Il fait si chaud et si humide, l'été à Venise... Et une fois qu'on sait ce que c'est que le "confort moderne", eh bien on y tient, ma bonne dame ! Et tant pis si l'on donne à contempler des horreurs comme celle-ci : on a beau habiter l'Histoire et aimer à s'en affirmer le gardien, on a tout de même le sens des priorités !