Le long du Grand Canal...

Le Grand Canal est, évidemment, sur-fréquenté, sur-touristé, et donc sur-photographié. Il n'est pourtant peut-être pas complètement impossible d'y faire des images un peu moins "vues et revues"... En tous cas, je vais essayer...

D'abord, cette jolie maison à l'angle du rio San Vidàl, dotée d'une ravissant jardin et avec vu imprenable sur le palazzo Cavalli-Franchetti et le pont de l'Accademia... C'est très certainement de cette maison qu'ont été prises les photos HDR (très moyennes, à mon avis) que l'on voit sur cette page du Veniceblog, un intéressant blog sur Venise qui semble malheureusement abandonné depuis mars 2008 (ici se trouve apparemment le dernier article publié).




Travail sur les couleurs, les gondoles et les paline :




L'archétypale gondole. Je sais, pas très original, mais on distingue bien l'asymétrie de la construction :




... Et le crépuscule sur la Pescheria : [Celle-là, ImageShack me l'a bouffée, impossible de la retrouver ! Grrrr]

Poursuivons notre promenade décousue le long du Grand Canal :

Jolie concentration de paline colorées :





Le palazzo Cavalli Franchetti, juste à côté du pont de l'Accademia. Construit au XVIe siècle, un temps propriété des Habsbourg, puis d'Henri, comte de Chambord avant de passer aux mains des Rothschild de Vienne, il fut vendu en 1922 à l'Institut Fédéral de Crédit pour la Renaissance de Venise, et est aujourd'hui occupé par l'Institut Vénitien des Sciences, des Lettres et des Arts (dans cet ordre ).

C'est l'un des plus beaux palazzi de Venise. La plupart des restaurations qui lui donnent son allure actuelle ont été conduites au tournant du XXe siècle par Camille Boito.








... et retour à notre point de départ avec cette "Statue de la Liberté éclairant le Monde", version Venise : c'est celle qui orne la terrasse d'eau de l'hôtel Bauer, mal aimé du fait qu'il ose être "'moderne"...

Il y a encore tant à faire pour restaurer les nobles demeures de Venise...




... et, toujours dans la catégorie "noble décrépitude", la Ca'Dario, d'allure lugubre, probablement inhabitée depuis des années, et qui traîne derrière elle une réputation tout aussi lugubre (encore que sûrement injustifiée... mais, à Venise, sait-on jamais ?)...

C'est quoi l'histoire de cette maison? Elle a l'air bien triste ! Dommage !

Oh ! pas grand-chose... Certains racontent que ses propriétaires ont une tendance marquée à décéder prématurément entre les murs de la maison, c'est tout...

depuis longtemps?

Depuis quand est-elle inhabitée et à qui appartient-elle?

Je ne sais pas exactement depuis quand elle est inhabitée mais son dernier propriétaire fut, je crois, Raul Gardini, qui s'est suicidé en 1993. Parmi les (relativement) récents propriétaires ayant connu une fin prématurée se trouve le manager des Who...

Un bon résumé de la tragique histoire de cette maison se trouve sur cette page du site Veniceguide.net.

Le guide Michelin précise que la malédiction ne semble pas atteindre les invités des propriétaires, puisque le poète français Henry de Régnier y vécut sans que malheur ne lui arrive.

Le Grand Canal de nuit, face aux Fabbriche Nove. Dans le fond, on aperçoit une extrémité du Rialto, et sur la gauche, les échafaudages accrochés à la façade de la Ca' Da Mosto, sur laquelle on attend depuis des mois que les travaux commencent effectivement (problème de gros sous, sans doute)...

Juste à côté du Cavalli-Franchetti se trouve le splendide palazzo Barbaro, qui a été pendant plusieurs années entouré par les péripéties concernant la vente de son piano nobile, aujourd'hui propriété de Franca Coin (des magasins du même nom).




J'en profite pour signaler au passage que Coin sponsorise la restauration d'une aile du Palais des Doges et des Piombi, et qu'à ce titre cette société a le droit "d'habiller" pendant quelques mois les bâches bleu ciel qui masquent le chantier (pendant le dernier Carnaval, c'était ENI qui s'affichait ici) :

Et pour aujourd'hui, les coupoles de San Simeon Piccolo se profilant majestueusement par-dessus les toits de Venise...

Au tout, tout début du Grand Canal, la girouette à la pointe de la Dogana :




Et à côté du Rialto, la grandiose cour intérieure du Fondaco dei Tedeschi (l'entrepôt des Tudesques), aujourd'hui recouverte d'une verrière. Le puits est d'époque, mais évidemment pas l'espèce de piédestal carré sur lequel on a cru bon de le jucher...

Perspective de la pointe du Dorsoduro et des dômes de la Salute, encadrés par l'arche du pont de l'Accademia :




Une attaque de vaporetto !




... et le clin d'œil du photographe photographieur auto-photographié :

Reconnaissez-vous le sujet de cette photo ? Oui, bien sûr ! Enfin, d'une certaine manière, et cependant...

Eh oui, c'est bien entendu le célébrissime ponte Rialto (et le campanile de San Giovanni Elemosinaria), mais vu sous un angle moins habituel, et photographié au téléobjectif, ce qui écrase la perspective. Je suis plus que jamais persuadé qu'il y aurait un beau livre de photos (et qui sortirait des sentiers battus) à faire sur Venise au 500 mm ! Un de ces jours, peut-être...

Ou plus précisément en sandolo, mais c'est un détail... C'est une gondole, on est sur le Grand Canal à Venise, et cette jeune femme cachée derrière d'immenses lunettes de soleil à la mode, paraît bien seule...

Ces témoins implantés à la base d'un palazzo sont-ils là pour permettre de contrôler la montée des eaux ? L'écartement des pierres disjointes du soubassement ?

Les bricole, vous le savez, ce sont ces assemblages de lourds pieux de bois cerclés de métail, qui servent à baliser les chenaux de la lagune. Mais, pris individuellement, ces pieux servent aussi, entre autres, à supporter les embarcadères. Or, sacrilège, cette année la municipalité a décidé de cesser d'utiliser les traditionnels troncs d'arbre en usage depuis plus de mille ans, mais des pieux en plastique recyclé : moins chers, plus durables, ressemblant (à vous de juger ! ) à du bois, ils évitent aussi de décimer les forêts alpines. Bref, que des avantages... mais c'est une tradition qui cède face à la modernité !

(Je précise que je n'ai rien contre la modernité, et que les traditions ne doivent pas, selon moi, être à tout prix sauvegardées sous le seul prétexte qu'elles sont des traditions —sinon, on vivrait encore dans les cavernes. Et que je n'entende personne clamer que "ces bricole, décidément, c'est le Pordelio !" )

Sur ces images, vous voyez le bateau plante-pieux au travail devant le campiello del Remer, près du Rialto :

Faisant de son mieux pour dissimuler la façade (heureusement basse) de la gare de Santa Lucia, le ponte dei Scalzi fait face à l'église du même nom. Ce lieu offre souvent un joli spectacle dans la lumière dorée de la fin de journée, allez l'admirer si vous êtes dans le coin :

Même au Rialto surpeuplé et sur-touristé, on peut encore voir de très belles choses, pour peu que la lumière s'en mêle...

Un p'tit coin d'paradis, sous un coin d'parapluie... (Quel poète je fais, tout de même !)




Les nouveaux habits du pont des Soupirs :

Le plus mignon de tous, pour moi c'est le palazzo Contarini-Fasano qui, selon la légende, aurait été la demeure de Desdémone —sauf que, bien entendu, Desdémone n'a jamais existé que dans l'imagination fertile de Shakespeare... dont on se demandait d'ailleurs, il y a quelques années, si lui-même avait bien existé ou s'il n'était que le pseudonyme d'un ou plusieurs contemporains célèbres...

Bref, ce palazzo-palazetto demeure, grâce à ses dimensions raisonnables pour qui n'a pas 40 domestiques, l'un des plus "habitables" (comprenez : "à taille humaine") de la Sérénissime. À tel point que, si on me l'offrait...




Juste en face, ce qu'on voit n'est pas mal non plus...




Et pas loin, la Casina delle Rose où vécut, entre autres, d'Annunzio :

Le Rialto d'un peu plus loin :