"Venise est dans l'eau, mais sans eau".

Les puits sont une des curiosités de la ville et méritent votre attention.



La ville fit donc, dès le XIIIème siècle et de quelle élégante manière tout un système indépendant d'alimentation en eau : tout l'art consistait à recueillir l'eau de pluie dans des citernes remplies de sable, maçonnées sous une place ou une cour. Les habitants avaient mis en place un système écologique de récupération d'eau. L'eau de ruissellement des pluies était récupérée, grâce à une légère déclivité du sol. L'eau s'engouffrait dans les douves et passait à travers un épais tami fait de sable trés fin où elle se déquantait. L'eau de pluie imbibait le sable, et remontait ensuite naturellement dans le puits sous l'effet de sa propre pression, subissant au passage un filtrage salutaire.

Comment fonctionnaient ces puits à filtration naturelle ?


Dans le sol, les vénitiens creusaient un très large réservoir dont les parois étaient enduites d'argile, sur 50-60cm d'épaisseur sur le fond, et 30cm environ tout en haut. La profondeur de cette cavité atteignant environ 5m sous le niveau de la mer. Mais ce réservoir n'était pas vide et destiné à recevoir l'eau de pluie, comme pour une citerne. A l'intérieur de cette cavité, les puisatiers vénitiens épandaient d'abord de la caillasse et par dessus, une trés épaisse couche de sable fin.
Un puits était creusé au centre.
Quand la cavité était entièrement comblée de sable fin, en surface, on incurvait légèrement le sol, pour diriger l'eau de pluie, d'abord dans des rigoles (les "sigillo"), ensuite vers les syphons de pierre (les "gatoi") où elle disparaissait. L'eau était amenée dans des conduites (les "cassoni") qui déversaient l'eau dans le sol.
L'eau de pluie était ainsi filtrée lentement par le sable, atteignait la caillasse et s'infiltrait dans le puits, par le dessous, selon le principe des vases communicants.


C'est ainsi que sur leur île sans source, les vénitiens bénéficiaient d'eau douce.
La plupart des puits étaient privés, mais leur usage était contrôlés par des magistrats de la République, qui avaient en charge l'entretien des puits existants et éventuellement la gestion des nouveaux puits et leur financement.
Les puits publics étaient fermés à clé et ouverts à certaines heures de la journée, pour mieux en contrôler la ressource.
Toutes les places fonctionnaient sur ce système. De nos jours, bien des puits ont disparu. Et l'eau est acheminée par canalisation depuis la terre ferme.

Selon une statistique du bureau technique communal, qui fut rédigée le 1er décembre 1858, on comptait à cette époque 6046 puits privés et 180 puits publics. Du plus sobre au plus décoré, les puits à Venise étaient un lieu de rencontre, pourtant, 556 puits avaient déjà été comblés.

On dénombre actuellement environ 600 puits à Venise. Ils ne sont plus en service. Actuellement ne restent visibles pratiquement que les margelles. Elles sont constituées presque toujours en pierre d'Istria. Ces dernières décennies un bon nombre de ces margelles ont encore disparu. Heureusement une importante collection de des monuments, en particulier des IXe et Xe siècles, se trouvent au Musée archéologique et au Musée d'histoire naturelle de Venise.

Quant aux puits eux-mêmes, leur élégance témoigne de leur importance, aujourd'hui un peu oubliée, et que nous rappelle leur couvercle soigneusement cadenassé. Ces puits, sont entourés par des bandes de marbre blanc, délimitant un espace carré. Ce n'est pas pour la décoration. A chaque angle, de ce carré, sont placées des plaques percées, pour recueillir l'eau de pluie. Ils sont construits sur des citernes, remplies de sable servant de filtre.

Très intéressant ! Je connaissais le principe, mais pas tous ces détails qui font la différence... Nous attendons la suite avec impatience !