La politique à Venise

Contrairement à ce que certaines bonnes âmes voudraient essayer de faire croire, Venise n'est pas une ville-musée livrée aux exclusives joutes tripartites des touristes, de ceux qui les guident et de ceux qui les exploitent leur vendent des choses. Venise est aussi une vraie ville avec de vrais habitants qui, nécessairement et entre autres, débattent de questions d'ordre politique.

Cette inscription, par exemple, réclame "plus de culture" (comment ne pas être d'accord), mais associe cette revendication avec "moins de questure", la questure dans une ville italienne étant plus ou moins l'équivalent de la préfecture en France : symbole d'ordre, d'État et de police, donc. Là, je suis personnellement moins d'accord, ayant constaté une présence policière (visible) vraiement très réduite à Venise. On souhaiterait même que la chasse aux Africains vendeurs de sacs contrefaits soit nettement plus active, car ils embarrassent les rues étroites avec leurs étals improvisés, et quand par hasard l'approche d'une patrouille(signalée longtemps à l'avance !) les fait fuir, ils courent n'importe où sans toujours regarder devant eux ni faire attention aux passants, qu'ils heurtent souvent de manière douloureuse avant de s'enfuir sans un mot d'excuse, cela va de soi.

Plus agressif, ce slogan étalé bien en vue de tous les voyageurs descendant du pont Calatrava en venant de la piazzale Roma, proclame qu'à Venise comme à Stalingrad, "ils" ne passeront pas.

Qui sont ces "ils" ? À en juger par la signature en forme de faucille et de marteau, probablement d'odieux capitalistes libéraux pleins d'un argent dont Venise n'a pas du tout besoin. Comme on le voit, l'extrême-gauche, même si elle est plus que moribonde, aime encore donner de la voix en Italie...

Plus réaliste, une main plus timide a précisé en anglais Venise est en train de sombrer, ce qui est probablement plus exact (à plusieurs points de vue).